Au Moyen-Âge européen (du VIe au XVe siècle)

carte invasions moyen age

Le Moyen-Âge européen couvre une longue période de lentes mutations (du Vie au XIVe siècle environ), caractérisée par :

  • le morcellement de l’Empire Romain en royaumes indépendants et rivaux ;
  •  l’expansion de la doctrine chrétienne contre d’autres religions qui fera de l’Église, en Europe, une autorité morale, spirituelle et politique de premier plan ;
  •  la mise en place progressive d‘un système social basé sur l’exploitation terrienne, le système féodal qui consacrera la coexistence de trois ordres : la noblesse, les vassaux et les serfs.

A la chute de l’Empire romain, le territoire de l’Europe se retrouve divisé en de multiples petits royaumes gouvernés par les peuplades « barbares » qui se sont répandues depuis les contrées septentrionales, sur toute la Gaule, la péninsule Ibérique et même Rome.

Parmi elles, les Francs vont s’imposer et fonder une dynastie, les Carolingiens, qui va dominer sur l’ouest de l’Europe jusqu’au Xe siècle et sera supplanté ensuite par le Royaume de France. Le Royaume est constitué de multiples contrées attribuées à des « Seigneurs » qui maîtrisent l’art de la guerre et forment ensemble le corps de la noblesse. Le peuple qui vit sur les terres des Seigneurs appartient à ceux-ci.

C’est à la faveur d’un affaiblissement de la royauté au tournant de l’an mil que la féodalité va se développer.  Soucieux d’affermir le contrôle sur ses terres, le Seigneur passe un « contrat à vie » avec un vassal pour qu’il gère sa terre et ses biens. En échange, il lui garantit la sécurité. La terre est, à l’époque, la principale richesse et l’économie est essentiellement rurale.

L’esclavage a persisté en Europe tant que les grandes propriétés foncières, où s’activaient de larges équipes serviles, ne sont pas remplacées par des exploitations plus petites, de taille familiale, autonomes dans la gestion de leurs tâches. Ainsi émerge le statut de « serf », que l’on peut regarder comme la survivance ou la mutation de l’esclave antique.

Étymologiquement, « serf » vient en effet du latin « servus », qui signifie «esclave». Dans les faits, le « serf » a en commun avec l’esclave le travail de la terre et sa dépendance héréditaire à l’égard du propriétaire terrien, auquel il est attaché à vie. Mais il est perçu comme une personne. Il vit en famille et se voit reconnaître le droit d’élever ses enfants.

Il dispose aussi d’une certaine latitude pour exploiter le fruit de son travail, et surtout il n’est pas vendu. Une différence notable avec le statut d’esclave, car cela permettra à certains serfs de se constituer un pécule pour racheter leur franchise. Grâce à cette politique, certains feront fortune et réussiront à se hisser jusqu’au rang de chevalier et à intégrer la Noblesse.

Cependant, au sein de la société médiévale, le serf reste un paysan, un homme de faible condition, peu considéré, qui vit à l’écart des nobles et des vassaux. Outre le rachat de sa franchise, l’émigration vers les villes (à l’insu de son Seigneur) est l’autre moyen d’échapper au servage. Le développement économique des villes à partir du XIIe siècle va favoriser leur émancipation. Des communautés entières furent capables de s’affranchir (ce fut le cas des paysans de la région parisienne).

La fin du régime féodal en Europe de l’ouest coïncide avec le raffermissement du pouvoir royal. La condition de serf ne concerne, à partir du XIVe siècle, que les paysans les plus pauvres. Cependant le servage se substitue très fortement dans certains pays de d’Europe de l’est jusqu’aux XIXe et XXe siècles. Il est aboli en France par la Révolution de 1789.

Pour autant, l’esclavage ne disparaît pas au Moyen-Âge. Il se perpétue, notamment en terre d’Islam, alimenté par la traite transsaharienne. Présent surtout dans le bassin méditerranéen, il se substitue fortement dans les pays christianisés, en Espagne, au Portugal, en Italie, en Grèce, pays qui entretiennent des relations étroites avec le monde musulman et où se perpétuent les structures sociales et les modes de vie hérités de l’Antiquité.

Comme l’affirme Verlinden, dans la traite intra-européenne, certains trafiquants Juifs ont bénéficié de protections royales en Occident, impériales à Byzance, pour traverser les terres chrétiennes avec leurs convois d’esclaves. Des itinéraires existaient entre Verdun et Venise, Verdun et Barcelone. Il ne faut pas minorer la forte mortalité des personnes qui étaient ainsi enlevées, notamment en raison de la castration que l’on faisait subir à certains d’entre eux pour, dit-il,  satisfaire la clientèle musulmane.