1884-1885 : La conférence de Berlin et le découpage de l’Afrique

La conférence de Berlin s’est tenue de novembre 1884 à février 1885, fut organisée par le chancelier Bismarck afin d’établir les règles qui devaient présider au «commerce » avec l’Afrique.

Extrait de la déclaration finale

« Voulant régler, dans un esprit de bonne entente mutuelle, les conditions les plus favorables au développement du commerce et de la civilisation dans certaines régions de l’Afrique, […] désireuses, d’autre part, de prévenir les malentendus et les contestations que pourraient soulever à l’avenir les prises de possession nouvelles sur les côtes d’Afrique, et préoccupées en même temps des moyens d’accroître le bien-être moral et matériel des populations indigènes, les puissances européennes ont résolu, sur l’invitation qui leur a été adressée par le Gouvernement impérial d’Allemagne, d’accord avec le Gouvernement de la République française, de réunir à cette fin une conférence à Berlin.

Article premier : Le commerce de toutes les nations jouira d’une complète liberté. […]

Article 5 : Toute puissance qui exerce ou exercera des droits de souveraineté dans les territoires susvisés ne pourra y concéder ni monopole ni privilège d’aucune espèce en matière commerciale.

Article 6 : Toutes les puissances exerçant des droits de souveraineté ou une influence dans lesdits territoires s’engage à veiller à la conservation des populations indigènes et à l’amélioration de leurs conditions morales et matérielles d’existence, et à concourir à la suppression de l’esclavage et surtout de la traite des Noirs. La Liberté de conscience et la tolérance religieuse sont expressément garanties aux indigènes comme aux nationaux et aux étrangers. […]

On remarque :

  1. Que tous les pays ne sont pas concernés par ce partage qui ne touche que l’Allemagne, l’Autriche, la Hongrie, la Belgique, le Danemark, l’Espagne, la France, le Royaume-Uni, l’Italie, les Pays-Bas, le Portugal, la Russie, la Suède, la Norvège, la Turquie et les États-Unis.
  2. Que les frontières alors définies ne correspondent en rien aux groupes existants et sont donc à l’origine de bien des litiges, voire de guerres génocidaires entre les peuples ainsi artificiellement constitués en pays.
  3. Tribu et Ethnie :
    «  À employer avec la plus grande prudence. Tribu a toujours été un attribut, si j’ose dire, des non-civilisés : il vient de « tributaire », terme romain pour désigner les barbares, ceux qui n’avaient pas d’État. Subjectif, il désigne des sociétés « autres », pour lesquelles nos critères d’organisation ne fonctionnent pas.Lors de leur découverte du monde, les Européens se sont heurtés à des sociétés différentes, mais pour lesquelles la notion d’État avait un sens : ils les ont appelées des ethnies. L’Europe du XIX° siècle, dans son processus de colonisation, a beaucoup contribué à fabriquer des ethnies, entre autres pour les opposer les unes aux autres : diviser pour mieux régner…Il vaut mieux parler de peuples précoloniaux.»

Christian Grataloup, L’Europe coloniale a fabriqué des ethnies, Sciences et Avenir, juillet / août 2010