Accueil » De la classification arbitraire… » Autour des scientifiques, l’élite intellectuelle mobilisée » Abel Hovelacque (1843-1894) : anthropologie physique et linguistique
Né à Paris, Abel Hovelacque obtient une licence en droit, puis poursuit sa formation en linguistique et en anthropologie en auditeur libre. Membre de la société d’anthropologie à partir de 1867, il est titulaire de la chaire d’anthropologie linguistique à l’école d’anthropologie de 1876 à 1890.
Membre de la Société d’anthropologie depuis 1867, il est titulaire de la chaire d’anthropologie linguistique à l’École d’anthropologie de 1876 à 1890 puis en prend la direction et fonde la Revue mensuelle de l’École d’anthropologie.
Il est l’auteur de plus d’une vingtaine de brochures et d’ouvrages de linguistique et d’anthropologie dont la première grammaire Zende (1869) rédigée en français et plusieurs ouvrages et brochures sur les langues et la culture indo-européennes.
Polygéniste, il adhère à l’évolutionnisme linguistique qui en prenant modèle sur les sciences naturelles conçoit les langues comme des organismes vivants, aux origines distinctes, se transformant en suivant des lois déterminées, passant du simple au complexe suivant trois stades : le monosyllabisme, l’agglutination et la flexion.
Le degré de complexité morphologique d’une langue est alors perçu comme révélateur du degré de développement intellectuel du peuple qui l’utilise.
Hovelacque est un ardent défenseur des thèses transformistes, utilisant dans son argumentaire les populations primitives comme le « chaînon manquant » entre l’anthropoïde et l’ « Homme civilisé ».
Il met en avant plus de quarante caractères anatomiques qui montrent que les prétendues « races inférieures » possèdent des valeurs intermédiaires entre le singe et l’homme blanc. Du prognathisme jusqu’à la sature incomplètement redressée en passant par le pied, le bassin, les membres, etc. De la même manière que les caractères physiques, les caractères culturels des populations primitives sont jugés plus proches du singe.
Opposant à l’Empire, il prend part à la journée du 4 septembre mais ne participe pas à la Commune. En 1872, il rencontre Gambetta et devient collaborateur à la République française jusqu’en 1879. Sa carrière politique débute en janvier 1878, lorsqu’il est élu au conseil municipal de Paris dans le quartier de l’École militaire, avec le soutien de Rochefort dont il est l’ami jusqu’à ce que la crise boulangiste les sépare. Il reste membre du conseil municipal de Paris de 1878 à 1884 et de 1886 à 1889, président en 1886-1887. Il anime le « groupe de l’autonomie communale » avec Yves Guyot, s’oppose aux pouvoirs de la Préfecture de Police de Paris et agit en faveur de la laïcisation des écoles de la capitale. En 1889, il démissionne pour assumer son mandat de député radical-socialiste. En 1893, il est réélu député mais doit renoncer l’année suivante pour des raisons de santé. Se déclarant partisan, au début des années 1880, d’une politique radicale, qui tienne le juste milieu entre l’opportunisme et le collectivisme révolutionnaire, il se rapproche ensuite des socialistes qui soutiennent son élection en 1893. Libre penseur et franc-maçon, il participe au comité central de la Fédération française de la libre pensée, il est membre de la loge Les Amis de la Tolérance et cofondateur de La Fédération maçonnique.
« Certaines anomalies musculaires rappellent un état inférieur apparaissant plus fréquemment chez les Nègres que chez les Européens […] La couleur des muscles est un peu jaunâtre ou brunâtre […] Le cerveau est plus foncé que le nôtre. Il est étroit, allongé, se termine en avant par une pointe arrondie ; les lobes antérieurs semblent raccourcis ; le cervelet est assez volumineux. Le poids de l’encéphale est inférieur à ce qu’il est chez l’Européen […] La capacité pulmonaire est relativement réduite. »
Les Nègres de l’Afrique subéquatoriale, Paris, 1889, p. 243, 247-248