Le racisme, un mot récent pour une réalité très ancienne

La difficulté de reconnaître aux autres la même humanité que celle que l’on s’octroie à soi-même est une constante des sociétés humaines. Les grecs qualifiaient tous ceux qui ne partageaient pas leur identité culturelle de barbares.

Bien des populations humaines étaient systématiquement désignées par les autres par des noms dévalorisants alors qu’elles se désignaient elles-mêmes par un nom exprimant une idée d’humanité. Eskimo veut dire «mangeur de viande crue», terme occidental, alors qu’Inuit veut dire «les êtres humains».

Le racisme ordinaire est une constante de l’histoire de l’humanité. Rien n’est moins évident que de comprendre et d’accepter la diversité. Les Européens n’ont pas agi différemment lorsqu’ils ont colonisé le reste du monde : ils refusaient de mettre sur le même plan leur humanité et celle de ceux qui différaient souvent par leur aspect physique et leur culture. Cette infériorisation de l’Autre, voire sa « bestialisation », rendait plus aisée la domination et l’exploitation des vaincus.

Le discours scientifique raciste sur la diversité

Le rapport de l’Occident à la diversité humaine présente toutefois une particularité notable : la diversité physique et culturelle des Autres a fait l’objet d’un discours scientifique.

C’est surtout à partir du XIXe siècle qu’ont été élaborées des théories affirmant que la diversité humaine pouvait faire l’objet d’une catégorisation raciale et que l’on a cherché à attribuer à chaque groupe des compétences psychologiques et physiques particulières. Ces théories scellaient par la biologie la prétendue infériorité des races non blanches.

La diffusion de ce discours dans l’espace public a participé à la construction de représentations collectives racistes. Notre tendance naturelle à l’ethnocentrisme était renforcée par l’autorité du discours «scientifique».